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On a rencontré Romain Guy, Cassidy Williams et Jon Atack, trois leaders de la tech aux parcours bien différents. Voici leurs leçons et retours d’expériences sur leur carrière… en 7 questions.

Nos invités :

Romain Guy est Directeur de l’ingénierie d’Android Toolkit, l’équipe responsable notamment des composantes graphiques de la plateforme, il travaille depuis 15 ans chez Google. Après des études d’ingénieur à Lyon, en France, il rejoint la firme de Mountain View en stage et participe à la création d’Android. Voir son GitHub.

Cassidy Williams dispose de près d’une dizaine d’années d’expérience en tant que software engineer aux Etats-Unis (Venmo, Amazon, CodePen, Netlify…) . Startup advisor et investisseuse, elle publie également une newsletter tech toutes les semaines. Voir son site perso.

Jon Atack est un grand contributeur open source (Top 100 Ruby on Rails), il est software engineer freelance depuis plus de dix ans. Depuis mars 2019, il participe activement au projet Bitcoin Core. Voir son site perso.

Les 7 questions que nous leur avons posées :

  1. Au début de ta carrière, est-ce que tu envisageais un cheminement professionnel précis ?
  2. Comment as-tu négocié tes salaires dans ta carrière ?
  3. Quelles sont les leçons que tu as apprises avec l’expérience concernant la rémunération ?
  4. Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu ou appliqué dans ta carrière ?
  5. Quelle est la plus grosse erreur que tu aies faite dans ta carrière ?
  6. Avec du recul, qu’est-ce qui a le plus influencé ta carrière ?
  7. Si tu commençais ta carrière aujourd’hui, qu’est-ce que tu ferais (ou ne ferais pas) ?

1. Au début de ta carrière, envisageais-tu un chemin précis ?

Romain Guy : Non, je n’avais pas de plan de carrière en tête. Je savais que j’adorais la programmation et il y a une qualité qui m’a beaucoup aidé à l’époque : la curiosité. Je voulais faire plein de choses et j’ai réalisé qu'à 25 ans, on n’a rien à perdre !

Je n’avais pas prévu de faire ma vie aux Etats-Unis mais une opportunité s’est présentée, j’ai sauté dessus… et aujourd’hui, je vais avoir 40 ans et j’y suis toujours. Sauf que j’ai une maison, une famille, une femme qui a sa propre carrière… Bref, c’est plus facile de s’envoler découvrir le monde quand tu n’as qu’à prendre un sac de vêtements ! Alors certes, cela fait peur, mais qui ne tente rien n’a rien. Si cela ne l’avait pas fait aux USA, je serais rentré et j’aurais fait autre chose.

Jon Atack : Enfant, j'imaginais quelque chose de très différent : je me voyais astronome, astrophysicien ou microbiologiste. À l'université, je pensais devenir CEO ou fondateur de start-up. Être sponsorisé pour faire de la R&D en open source était une option qui n'existait pas à l'époque.

Cassidy Williams : Quand j'étais à l'école, j'aidais beaucoup d’autres étudiants à apprendre à coder et j’aimais aussi parler à des événements scolaires. Mais je ne savais pas que ça pouvait être un travail ! Et donc, lorsque j'ai postulé pour des postes au départ, j'ai simplement dit que je voulais faire du développement. Car c’est ce que j'avais étudié. 

“On n’a rien à perdre à négocier. Au pire, on nous dit non.”

- Romain Guy

2. Comment as-tu négocié tes salaires dans ta carrière ?

Cassidy Williams : Même si c’est intimidant à faire, j’ai toujours négocié. Généralement, je montre de la reconnaissance pour travailler dans telle ou telle entreprise… mais je demande quand même plus que ce qui m’est proposé. En disant par exemple : “Mon prix est le suivant, est-ce qu’il y aurait un moyen de s’en rapprocher ?” Parfois, l’entreprise dit simplement oui et c’est génial. D’autres répondront qu’elles ne peuvent pas mais qu’elles proposent des stock-options. Il y a alors quelques allers-retours, parfois inconfortables, qui s’installent. 

Romain Guy : Je me rappelle avoir négocié mon salaire à la hausse, au tout début de ma carrière en France, à Lyon. J’étais très actif dans la communauté Java, je faisais des conférences, j’estimais apporter quelque chose et j’avais demandé une somme… qui correspondait à la grille de salaire de l’entreprise pour Paris mais pas pour Lyon. Ce à quoi j’avais répondu : ce n’est pas mon problème (rire) !

D’une manière générale, on n’a rien à perdre à négocier. Au pire, on nous dit non. Dans sa carrière, il faut être sa propre agence de pub, son premier promoteur. C’est-à-dire savoir mettre en avant sa valeur et faire savoir ce que l’on fait de bien. Sans non plus tomber dans la vantardise malgré tout.

Jon Atack : A l'exception de mon adolescence, de mes études et de mon premier emploi après avoir quitté l'université, je n’ai jamais occupé d’emploi salarié. J'ai toutefois appris que je suis malheureux si je travaille uniquement pour l'argent. La liberté est un vrai luxe. L'argent n'est pour moi qu'un moyen d'y parvenir.

Aujourd'hui, j'ai quelques sponsors qui me fournissent un financement annuel. Je suppose qu'il est important que ce que vous faites soit suffisamment rare, précieux et cohérent pour être libre de cette manière, si tel est votre objectif.

“Il y a une question qui vaut tout le temps la peine d’être posée : Où se situe le salaire que vous me proposez par rapport au reste de l’équipe ?"

- Cassidy Williams

3. Quelles sont les leçons que tu as apprises avec l’expérience concernant la rémunération ?

Romain Guy : La première chose, c’est évidemment de se renseigner, d’avoir une idée de sa valeur et de s’assurer qu’on est traité comme le reste du marché. Dans des grandes structures comme Google, tout est assez codifié. Mais dans de plus petites boîtes, il faut savoir prendre soin de soi-même pour ne pas être sous valorisé.

Après, n’oublions pas que le travail, c’est 8h d’une journée et une bonne part de sa vie. Le salaire ne doit donc pas être le critère principal. Personnellement, si on m’offrait 4 fois plus que ce que je gagne aujourd’hui pour un job moins intéressant, je ne le prendrais pas.

Au début de ma carrière, quand Google m’a proposé de rejoindre l’équipe Android, je me souviens que Sun Microsystems m’offrait 20 % de plus. Mais j’ai quand même choisi Google. C’était plus risqué, Android n’existait pas encore à l’époque mais je trouvais qu’il y avait plus de choses à apprendre et qu’un succès pourrait être plus intéressant si cela devenait un des OS majeurs. Avec du recul en voyant la trajectoire de Google, je suis très content d’avoir pris les 20% de réduction !

Jon Atack : N'ayez pas peur de changer d'employeur ou de mission. Et prenez raisonnablement soin de vous; n'attendez pas d'un employeur qu'il le fasse pour vous.

Cassidy Williams : D’une part, je pense qu’il y a une question qui vaut tout le temps la peine d’être posée : Où se situe le salaire que vous me proposez par rapport au reste de l’équipe ? C’est une manière de voir si l’entreprise est transparente et paritaire. Certes, c’est difficile à évoquer mais c’est une manière d’avoir un impact sur l’équité interne.

Ensuite, je dirais que l’argent ne fait pas tout. Il m’est déjà arrivé d’avoir pu négocier un salaire vraiment très élevé. Je trouvais ça incroyable de gagner autant mais je me suis vite rendue compte que la culture d’entreprise n’était pas si bonne que cela. Il est très tentant de suivre l’argent mais il ne faut pas que cela aveugle. Si on peut se permettre d’accepter une offre qui paie moins mais avec une meilleure équipe, cela vaut la peine d’y aller, à mon avis.

“Ne perdez pas de temps. La vie passe vite.”
- Jon Atack

4. Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu ou appliqué dans ta carrière ?

Jon Atack : J'ai trouvé la philosophie stoïque utile, en particulier les Méditations de Marc Aurèle. Ne perdez pas de temps. La vie passe vite.

Cassidy Williams : Je citerai la phrase d’une mentor : “Lift as you climb”. C’est-à-dire que ce qui vous définit en tant que leader, c’est votre capacité à tirer vers le haut les autres. Concrètement, en produisant le plus de ressources et de documentations possibles, par le biais d’un post de blog à chaque fois que vous avez résolu une situation difficile par exemple. Même si ce n’est que quelques paragraphes, cela peut aider des personnes, rendre l’industrie meilleure et contribuer à créer une communauté autour de vous.

Romain Guy : Au lieu de citer un conseil, je parlerai plutôt de la qualité de son entourage. En 2007, quand j’ai intégré Google en stage, lors de ma cinquième et dernière année d’étude d’ingénieur, je me suis retrouvé dans l’équipe Android qui était encore un projet secret en interne. J’étais au contact de personnes qui avaient déjà créé des systèmes d’exploitation, qui avaient travaillé sur la première Xbox… Je vous laisse imaginer la quantité de choses que j’ai pu apprendre en un laps de temps très court ! 

Il y a une chose intéressante à faire dans ce cas : les observer. Pour comprendre comment les personnes qui ont du succès font pour réussir. J’ai ainsi pu me rendre compte de l’ampleur du travail derrière. Je parlerais plutôt d’une éthique de travail d’ailleurs.

Certes, ces gens travaillaient dur. Mais ils s’entraidaient beaucoup et œuvraient sans cesse pour le bien commun de l’équipe et du produit. La meilleure manière de grandir soi-même, c’est de faire grandir les autres. Et j’ai appris énormément comme ça. En n’ayant pas peur de demander de l’aide et du feedback aux personnes que l’on respecte. Car, par définition, elles savent les choses qu’on ne sait pas encore.

“Il est très important de savoir ce que l’on veut… mais aussi ce que l’on ne veut pas. Sinon, on peut passer sa vie à chasser quelque chose qui ne nous rendra pas plus heureux.”

- Romain Guy

5. Quelle est la plus grosse erreur que tu aies faite dans ta carrière ?

Cassidy Williams : J’en ai un peu parlé auparavant mais il y a des fois où j’ai plus été attiré par un gros intitulé de poste ou l’argent plutôt que par une bonne culture d’entreprise qui me permettrait d’apprendre et de m’épanouir davantage. C’est quelque chose que j’ai appris à mes dépens. 

J’ai ainsi travaillé pour des entreprises parce que je pensais que c’était bon pour mon CV ou mon compte en banque, mais pas forcément pour moi en tant que personne. Heureusement, j’ai vite réagi pour aller dans des environnements où j’étais bien plus heureuse.

Jon Atack : Il y en a trop pour les énumérer. J'ai perdu beaucoup trop de temps à ne pas me connaître, à ne pas connaître mes forces et mes faiblesses. Le networking et les rencontres sont essentiels et je ne l'ai généralement pas assez fait.

Romain Guy : Il y a quelques années, je voulais voir autre chose que Android et j’ai rejoint la division robotique de Google. Je ne suis resté qu’un an : finalement, le domaine ne me plaisait pas tant que cela. Je suis revenu dans l’équipe Android sur une nouvelle position, pour faire de nouvelles choses. Ce n’était donc pas un échec trop grave. Il fallait tenter… 

Ce que j’en retire ? Qu’il est très important de savoir ce que l’on veut… mais aussi ce que l’on ne veut pas. D’ailleurs, je réalise qu’il y a beaucoup de jobs hiérarchiquement supérieurs au mien que je ne souhaiterais pas obtenir. C’est libérateur je trouve de savoir cela. Sinon, on peut passer sa vie à chasser quelque chose qu’on n’aura jamais ou qui ne nous rendra pas plus heureux.

L’autre chose, c’est qu’il est primordial de toujours s’écouter. Il peut parfois être confortable de rester dans une position… Mais quand tu n’as plus envie de te lever le matin pour aller travailler de manière durable et que tu n’es plus excité de commencer ta journée, alors il faut agir.

“Agir publiquement pousse naturellement les gens à vous aider.”

- Cassidy Williams

6. Avec du recul, qu’est-ce qui a le plus influencé ta carrière ?

Jon Atack : L’indépendance. L'envie d'être libre. L'avènement de la micro-informatique et des logiciels libres. Des leaders bienveillants, autonomes et modestes.

Cassidy Williams : Je dirais que ce sont des rencontres fortuites dans lesquelles je me suis pleinement engagée. Par exemple, l’une de mes mentors depuis plusieurs années est une personne que j’ai rencontrée par hasard lors d’un hackathon il y a une dizaine d’années. Je lui avais envoyé un mot de remerciement du type “C’était sympa de vous rencontrer, j’espère que nous nous reverrons bientôt”. Et de fil en aiguille, nous sommes devenues amies et il se trouve qu’elle a plus d’expérience que moi donc je lui demande des conseils à l’occasion.

C’est de cette façon que j’ai commencé à conseiller des startups… ou que j’ai trouvé mon emploi actuel ! J’avais discuté avec le CTO de Remote en lui disant : “J’aime beaucoup ce que vous faites. Je ne cherche pas de travail pour le moment mais peut-être un jour…” Et deux ans plus tard, je travaille pour lui.

C’est parfois difficile à faire, surtout pour une personne introvertie, ce que je suis. Mais le fait de discuter, de fournir des ressources ou de simplement remercier des gens peut déboucher sur de grandes opportunités. C’est en quelque sorte une nouvelle génération de networking.

Romain Guy : Ce n’est pas évident de répondre à cette question, étant donné que je navigue beaucoup à l’instinct. Toutefois, ce que je remarque, c’est que la plupart des gens qui font carrière chez Google ne se focalisent pas sur leur avancement ou leur promotion, mais sur la réalisation du meilleur boulot pour les utilisateurs. Cela peut paraître candide mais c’est vrai et hyper important.

Une autre chose que j’ai constaté : ces personnes ne se contentent pas de faire ce qu’on leur demande. Elles identifient des problèmes, proposent des solutions et réussissent à convaincre des équipes pour travailler sur leur projet… C’est quelque chose que l’on enseigne malheureusement très peu à l’école, du moins à mon époque : il faut savoir fédérer.

On peut être le meilleur programmeur du monde, si on ne sait pas expliquer ses idées pour travailler avec des product managers, des UX designers ou d’autres métiers pour donner corps à ses idées, on sera vite limité dans sa progression.

“Si cela était à refaire, j'aurais appris le stoïcisme plus tôt”

- Jon Atack

7. Si tu commençais ta carrière aujourd’hui, qu’est-ce que tu ferais (ou ne ferais pas) ?

Romain Guy : On a tous des regrets mais cela contribue aussi à qui on est aujourd’hui. Donc je ne changerai pas forcément grand-chose. Et s’il y avait une chose que je referais à coup sûr, c’est de profiter de la liberté relative dans sa vie personnelle pour tenter des choses et apprendre à se connaître.

Quand j’étais au lycée, j’ai passé beaucoup d’années à écrire pour la presse informatique. Je me suis retrouvé à traduire des livres, à m’engager dans la communauté, à donner des conférences… Je me rappelle avoir demandé à mes professeurs d’université si je pouvais m’absenter quelques jours pour aller faire une conférence à Boston ! C’est plus facile à faire quand on n’a rien à perdre.

C’est ce qui m’a amené à vivre à l’étranger et m’a ouvert plein d’opportunités. On ne se simplifie pas la vie mais on se découvre soi-même mieux et plus vite.

Jon Atack : Je serais resté dans la technologie au lieu de faire de longues incursions dans d'autres domaines, et j'aurais appris le stoïcisme plus tôt.

Cassidy Williams : Si je commençais ma carrière aujourd’hui, tout d’abord, j’essaierais de savoir ce que j’aime profondément dans la tech : faire du développement Web, sur iOS, du DevOps, se concentrer sur telle technologie etc. en menant différentes expérimentations. 

Puis, connaissant cela, je chercherais les communautés du domaine. Que cela soit sur Discord, des forums, les réseaux sociaux… Peu importe, tant que c’est le bon endroit où les gens se retrouvent pour parler de ce sujet. Et je m’y impliquerais en posant des questions ou en partageant mes apprentissages. Agir publiquement pousse naturellement les gens à vous aider. Vous pouvez en retirer beaucoup de valeur. Ils pourraient vous recruter ou connaître des personnes qui peuvent le faire. J’adopterais sans hésiter cette approche basée en premier lieu sur les personnes du sujet tech qui vous passionnent le plus.

Ce qu’on a retenu de ces témoignages

  1. Savoir qui l’on est et ce que l’on aime. Au début de sa carrière, l’important est d’apprendre à se connaître le plus rapidement possible en expérimentant un maximum de choses.
  2. Savoir ce que l’on vaut et ce que l’on veut. Négocier ses conditions salariales est la preuve de la conscience de sa valeur. Mais ces dernières ne doivent pas être le principal facteur d’orientation d’une carrière.
  3. “La meilleure manière de grandir soi-même, c’est de faire grandir les autres”. Choisis des leaders inspirants plutôt qu’un titre ronflant ou un salaire. Observe-les. Nourris-toi d’eux / d’elles. Et rends la pareille à la communauté.
  4. Sois sympa et… opportuniste ! Les rencontres sont les meilleures sources d’opportunités. Fais-toi connaître, contribue à la communauté et nourris tes relations professionnelles.

On espère que ces témoignages te seront utiles pour diriger ta carrière comme tu l’entends ! Pour finir, un petit mot d’encouragement : si une personne occupe un poste que tu aimerais avoir dans 5 ans, n’hésite pas à lui envoyer un message (LinkedIn, mail…) et à lui proposer un café ou un appel téléphonique. Ça marche beaucoup plus souvent qu’on ne le pense ! Ses conseils te seront précieux car ils te permettront de comprendre son cheminement pour arriver à ce poste. Bon courage !

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